Dans la vie, il y a de ces invitations qui ne se refusent pas. Je n'ai pas eu besoin de trouver une tête de cheval ensanglantée pour accepter avec diligence l'offre de visiter le Salon des vins d'importation privée organisé par le RASPIPAV. Carnet en main, accréditation média au cou, je suis donc partie à une date en tête à tête, au-dessus d'un verre (ou deux, ou cinq) avec cette belle méconnue qu'est l'importation privée. Pour faire simple (dans le sens de «simplifier») L'importation privée, ça mange quoi en hiver? Ceci : des agences privées (parce qu'indépendantes de la SAQ) choisissent elles-mêmes leurs vins, soit directement du vigneron, soit par le biais de négociants. La SAQ a tout de même son rôle à jouer : elle fixe les prix et assure la livraison des produits. L'IP, comme on l'appelle par son petit nom, est donc un complément à l'offre de la SAQ, et non une compétition. Elle permet d'offrir aux consommateurs des produits différents, d'élargir l'offre vinicole. Le buveur averti a tout intérêt à en faire son amie!
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J'ai demandé au serveur ce qu'il y avait dedans. Il m'a dit : « de la graisse de canard, un peu d'ail et de l'échalote française ». Je sais qu'il ment. Il y avait aussi un soupçon de magie. C'est clair que le chef est allé à Poudlard. L'Affaire est Ketchup, c'est le resto qui fait parler les foodies de Québec depuis six mois, c'est le « trou dans l'mur » de la Vieille Capitale, c'est le Joe Beef du bout de la 20. Les attentes étaient aussi hautes pour mon souper de fête que pour la commission d'enquête sur la collusion.
Surpris de me voir un verre de blanc à la main, en l'occurrence un Crémant Wolfberger? Sachez qu'il m'arrive fréquemment de troquer le Bordeaux (provenance et couleur) pour un vin blanc. Et comme je suis aussi téteuse en blanc qu'en rouge (on parle bien de vin, là, et pas de ma tenue vestimentaire, je suis téteuse peu importe ce que je porte), ma prédilection va spontanément aux vins alsaciens, peut-être parce que j'en ai un peu contre les chardonnays tout fruit ultra boisés beurrés du Nouveau Monde (vous voyez, je lis mon Cellier...). Ça tombait donc drôlement bien que je gagne deux billets pour la soirée Alsace au menu au restaurant Rumi.
Je n'y suis pas encore une habituée. Certes, à chaque visite, la serveuse nous reconnaît et sait qu'elle n'a plus à nous expliquer le concept de tsumamis (que l'on définit grossièrement comme des tapas japonais, comme si les Espagnols étaient les seuls propriétaires de l'idée). Certes, je connais la carte par cœur, je sais d'avance que mon repas n'en vaut pas la peine si je ne commence pas par mon bol d'edamame. Certes, j'éprouve toujours un petit plaisir de supériorité gastronomique quand j'y emmène des amis se laisser séduire pour la première fois. Mais je n'appelle pas les trois jeunes propriétaires par leur prénom (parce que je l'ignore) et ils ne me connaissent pas assez pour savoir que non, je ne suis pas folle, et oui, leur resto m'emballe vraiment à ce point-là. Le Hosaka-ya, niché dans un minuscule demi-sous-sol dont l'entrée est à peine perceptible, au cœur même du tranquille quartier de Limoilou, est l'une de ces adresses où, à chaque visite, on se sent un peu plus chez soi. Il est de ces restaurants auxquels on aimerait retourner sans cesse et où, à notre retour, on s'étonne de ne pas y être revenu avant. La carte est simple : aux côtés de la liste impressionnante de sushis se trouvent le vrai trésor, les tsumamis. Six sont une constante, dont l'edamame, la salade de pieuvre aux sept épices et le kara age, délicieux poulet frit à la japonaise; d'autres sont plus volages, inscrits au tableau noir par le chef selon les arrivages et son inspiration. Chaque fois, je me désole de ne pas retrouver une bouchée qui m'avait plu tout en me réjouissant de goûter une nouveauté qui, je le sais, m'enthousiasmera tout autant. Au chapitre des habitudes, outre l'edamame, il est impératif de commander les gyozas, petits chef-d'oeuvre de pâte façonnée à la main garnie d'une face des plus délicates. Ce qui est désagréable avec ces potstickers, c'est d'avoir à les partager. Après, on se laisse tenter par les offrandes passagères, comme un gohan korokke, une croquette de riz aux deux saumons qui arrache des cris de bonheur de mon fiancé, gourmand gourmet décidément tout aussi ravi que moi. Moi qui suis une consommatrice compulsive de cuisine japonaise, surtout celle au-delà des sushis, de la tempura et de la soupe miso, je suis d'avis qu'il ne se fait pas plus précis et savoureux en la matière dans toute la ville de Québec. C'est la simplicité nipponne à son meilleur, avec la chaleur des recettes maternelles interprétées par un trio de joyeux frères lurons qu'il est drôle de regarder se chamailler en toute fraternité. Ce soir-là, nous avons été sages, même s'il est facile de se laisser emporter. Nous avons laissé de côté les glaces aux parfums délirants quoique délicieux (wasabi, gingembre, sauce soya, matcha, umeboshi [prune salée et feuille de shiso] et azuki [fève rouge sucrée]) pour opter pour une tartelette aux amandes et azuki. Délicate, bien dosée, à peine sucrée, qui pourtant n'égale pas le dorayaki, un dessert de crêpes épaisses en pièce montée garnies de purée d'azuki et de crème fouettée. Non, je n'y suis pas encore une habituée. Mais ça viendra, croyez-moi. Et je sais que je vous y croiserai bientôt... Envie d'y aller? Hosaka-ya
491, 3e Avenue (coin 5e Rue) Limoilou *Oishii : exclamation signifiant « délicieux, savoureux ». Ce billet est d'abord paru sur le blogue de Clarah Germain. J'aurais aussi pu intituler ce billet « Ne pas craindre les restos vides ». Parce que s'il fallait juger de la cuisine d'un restaurant à la popularité de sa salle à manger, nous aurions reviré de bord assez rapidement en constatant que le souper serait en véritable tête-à-tête, ne voyant aucune autre tête en vue. Et mon fiancé de remarquer : « Fiou! Une chance que j'avais réservé... ». Malgré les apparences, le resto Table, situé dans le très branchouillard hôtel PUR du non moins branchouillard quartier Nouvo Saint-Roch (remarquez le soin apporté à l'orthographe), n'est pas une adresse à fuir, au contraire. Ouvert depuis peu et auparavant dédié aux seuls services du déjeuner et du dîner, le resto a finalement décidé, au printemps, de s'essayer au service du soir, avec une carte composée d'entrées à partager (ou à garder pour soi, c'est selon). L'accueil commence par un cadeau de la maison, deux petits pains de maïs très goûteux bien que forts en petites miettes (décolletés plongeants s'abstenir). Personnellement, j'aurais préféré mon beurre à la température de la pièce, parce que j'ai tendance à être dangereuse quand on me fournit du beurre trop dur et un couteau. Après de longues délibérations, on parvient finalement à un consensus : taco, feuilleté de champignons, mac'n'cheese, corndogs, sandwich au pulled pork et polenta. Que de menoums en perspective!
Ou Au Pied de Cochon, pour ceux qui se grattaient le coco en le googlant. Grâce à la générosité de la cousine (et amie) de mon fiancé, qui le savait gourmand, nous avons hérité d'un petit pécule à dépenser au temple de la dégustation de Babe sous toutes ses formes (et parties). Les attentes étaient hautes, car à en croire mon fil Twitter, j'étais partie pour le souper de ma vie, rien de moins. J'ai alors mis une jolie robe, histoire d'être présentable au paradis si jamais mon foie démissionnait entre deux organes gras du même nom piqués à deux bienheureux et savoureux canards. Quatre choses m'ont frappée dès l'entrée :
Nous avons été sages : une entrée à partager (et quelle entrée!) et un plat chaque. Je vous vole le punch tout de suite : même pas de dessert. J'étais rassasiée juste à lire le menu, alors imaginez après l'avoir subi...
Le Apollo Bistro (ou Concept, on ne sait plus) change de vocation comme une fille de 16 ans pendant un test d'orientation. Autrefois bar à tapas comprenant une mini-succursale de la SAQ sur mesure, après avoir ouvert avec un concept de chassés-croisés pas toujours clairs, il a maintenant repris le concept du Apollo (le vrai restaurant, qui en plus était ouvert juste en face, ce qui garantissait que la moitié des clients entrant dans l'un ou l'autre des restaurant voulaient en fait aller dans l'autre et pas dans l'un) pour devenir un apportez-votre-vin. Le « vrai » restaurant, lui, a mis fin au quiproquo en déménageant beaucoup plus loin (au 1333, rue University, pour les curieux et ceux qui ont suivi sans se perdre; je savais que j'aurais dû faire un graphique). Malgré tout ça, j'ai toujours apprécié l'approche d'Apollo (le chef, cette fois-ci!) et, surtout, sa cuisine qui se lance dans tous les sens sans jamais avoir l'air de s'éparpiller. Quand on sort une aussi bonne bouteille qu'un Château Lafite Rothschild 1986 (moment de recueillement), surtout dans un restaurant, il est plus que primordial que l'assiette soit de qualité pour accompagner le verre. Et bien que le thaï d'à côté soit savoureux, ce n'est pas exactement la bonne cuisine pour mettre un tel vin en valeur. Le choix du Apollo s'imposait de lui-même : il est rare de trouver un aussi bon restaurant qui ne vienne pas avec une carte des vins.
Comme nous étions les premiers arrivés, nous avons bénéficié du choix des sièges. Étant plutôt fouineuse, j'ai foncé pour m'approprier la banquette juste à côté de la cuisine, qui est totalement à aire ouverte. Nous en avons d'ailleurs profité pour copiner avec le chef, qui n'est pas Giovanni Apollo, mais tout aussi bavard et sympa et talentueux. Notre serveuse, à ma demande, a réfrigéré le vin quelques instants (il n'avait pas trop aimé sa petite balade dans le Mile-End à la chaleur de l'après-midi) et l'a mené à sa froide cachette en le tenant comme un nouveau-né. Attentionné, le service, vous dites? Pour ouvrir la bouteille, ils s'y sont mis à trois. Il faut dire que 25 ans d'âge avaient asséché le bouchon et que c'est avec une précision de chirurgien sushiman dans ses temps libres que le chef a réussi à déboucher la bouteille sans aucune miette. Et c'est alors qu'ont commencé le plaisir et l'allégresse. Ah oui, nous avons mangé aussi. Et très bien, à part de ça. Tristes de votre nouveau gouvernement fraîchement élu? Noyez votre peine dans la sauce brune! En rafale, voici mes trois meilleures adresses de gras savoureux où vous gaver pour oublier pendant les quatre prochaines années, si vous en ressentez le besoin. La tradition : le Coin de la patate Et même pas pour les frites, en plus! Le Coin de la patate, c'est carrément une institution en basse-ville, un pèlerinage pour les mangeux de bonnes pétaques dodues. Mais moi, j'aime y aller pour autre chose : le cheeseburger. Juste assez dégoulinant, le pain un peu effouerré comme il se doit, fait avec une belle boulette juste de la bonne grosseur parfaitement assortie en diamètre avec le pain, et garni selon mes désirs. 43, rue Saint-Joseph Ouest Le plus rétro : la Roulotte du Boulevard Le décor vient directement des années 70, et pas parce que c'est à la mode, mais bien parce que rien n'a changé depuis. Et c'est ce côté tout à fait vieux-ça-serait-crade-si-ce-n'était-pas-aussi-propre, tout en camaïeu de brun, jaune et moutarde (le Tricolore du snack-bar) qui est craquant. Je n'ai jamais mangé d'aussi bonnes frites, qui goûtent la vraie roulotte à patates de mon enfance. Même si je vais faire de la peine à André Arthur qui vante en vidéo les mérites du Coin de la patate en tant que meilleures frites au monde, je vais le dire quand même : les patates de la Roulotte sont meilleures. Et à un prix qui vient aussi des années 70. 1185, boulevard Louis-XIV (il y a aussi deux succursales à Beauport) Le néo-shack : Snack Bar St-Jean J'habite tout près. Et ça, ce n'est pas bon pour mon cholestérol. Dans un décor de bûcherons magasinant chez Roche-Bobois, les gars en arrière du comptoir du Snack Bar St-Jean font les meilleures rondelles d'oignons de la ville, point à la ligne (quoiqu'à la quantité que je mange, la ligne, je ne la garderai pas longtemps). Et leur poutine devrait être cotée 18 ans et plus, tellement la quantité de fromage est indécente. Tant qu'à y être, on finit tout ça avec un pouding chômeur, fait maison, passé à la salamandre (on n'est pas des sauvages, quand même) pour faire une belle croûte de cassonade. 780, rue Saint-Jean (et on appelle au 418 522-GRAS juste pour le fun de composer un numéro de même) Avertissement Je ne suis en aucun cas responsable de l'aggravation du taux de cholestérol chez mes lecteurs. Alors, je ne veux pas d'appel paniqué de votre médecin de famille parce que votre taux vient de passer majoritaire!
Puisque je n'ai pas encore gagné au loto ni été commanditée par un über riche mécène dédié à la promotion de ma gourmandise, je n'ai pas encore pu visiter le elBulli de Ferran Adrià, ni le Fat Duck d'Heston Blumenthal et l'Alinea de Grant Achatz, trois restaurants qui non seulement font depuis longtemps partie du top du top mondial (juste après le Noma de René Redzepi, maintenant!), mais travaillent suivant le principe de la gastronomie moléculaire (même si plusieurs chefs détestent cette expression). Le détournement des textures et de l'apparence de plats connus, les associations surprenantes, la présentation déstabilisante sont tous des points communs qui me fascinent au plus haut point dans ce type de cuisine. Il ne s'agit pas de techno-fla-flas ni de concours d'ajout d'ingrédients à plus de 12 lettres; il s'agit avant tout de cuisiner ce que l'on aime en utilisant la science comme point de départ ou comme moteur créatif. Je possède les livres de ces trois chefs, et croyez-moi, on est beaucoup plus près de la pornographie culinaire que de Jehane Benoît (même si j'adore cette bonne vieille Jehane). À ma fête, mes amis et mon fiancé ont garni mon armoire de cuisine de livres du type « Moléculaire 101 », de gélifiants et d'autres petites poudres aux noms imprononçables. Mais difficile de se lancer là-dedans quand on n'a goûté qu'avec les yeux! Les restaurants de ce genre sont rares au Québec; on peut les compter sur les doigts d'une main d'un ébéniste à qui il manque quelques doigts. À Québec même, nous sommes gâtés avec le Laurie Raphaël, qui en plus ouvre ses portes au public curieux grâce à ses ateliers de cuisine salés ou sucrés, avec Daniel Vézina lui-même ou son chef pâtissier, Maxime Lebrun. Trois heures avec un émule de Willy Wonka? Où est-ce que je signe? La soirée, très décontractée, commence par un petit drink composé de perles de jus de pommes réalisées grâce à la sphérification inversée, ce qui leur donne l'aspect de raisins verts. Ça éclate sous la langue et c'est terriblement amusant. Et pour les inquiets, non, ça ne goûte pas le « chimique ». C'est une adresse bien connue de la Vieille Capitale, visitée et encensée par les vedettes, Sir Paul le premier. Le Saint-Amour est un incontournable lorsqu'il s'agit de gastronomie et de nouvelle cuisine québécoise, quoique fortement influencée par l'école française. Ce n'était pas ma première visite, mais c'était mon premier passage au service du soir. Ce souper, toujours dans le cadre de Québec Exquis!, devait être le point culminant de notre semaine de gourmandise; nous avions gardé Jean-Luc Boulay et son menu consacré aux champignons et au cidre pour la fin, en guise de gâterie.
(En passant, pas de photo pour ce billet. J'ai préféré laisser votre imagination travailler plutôt que d'offrir des clichés semi-flous et granuleux pris dans une lueur de fin de journée obscurcie par les feuilles d'un gros arbre [je me demande bien son rapport avec la déco, lui].) On aurait dit que les chefs s'étaient donné le mot, cette semaine, pour offrir un amuse-bouche en commençant le repas. J'en suis toujours très heureuse. Cette fois-ci, il s'agissait d'un cochonnet (pas entier, bien entendu) sur purée et juliennes de céleri-rave (un légume très à la mode ces temps-ci, et je ne blague pas). Le salé de la viande était bien complimenté par l'acidité de la purée, mais dont le goût de cette dernière se révélait vraiment une fois la bouchée terminée. Un bon début, tout en délicatesse. |
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