Puis, arrivent ces rares moments de grâce où, pour un soir, ton p'tit poula se métamorphose en foie gras et où tu es reçue en duchesse dans l'un des meilleurs restos de la ville. «Le Toast fête ses dix ans, viendrais-tu fêter avec nous?» Je me suis carrément téléportée tellement j'avais hâte d'y être.
Le salon privé a été réservé pour nous et chaque blogueur a une enveloppe à son nom, scellée, qui contient le menu. Une délicate attention, quand on sait à quel point on aime raconter ce qu'on a mangé, si possible sans trop se tromper (c'est que la mémoire est une faculté qui commence à se fourvoyer après 3 verres de vin). Mais le comble du service attentionné, c'est Stéphane D'Anjou qui l'offre: le maître d'hôtel (aussi sommelier et associé) nous appelle chacun par notre prénom. Même ceux qu'il n'a jamais vus. De toute ma jeune vie de fille qui fréquente autre chose qu'un Saint-Hubert, je n'ai jamais eu un tel accueil, sauf à un endroit: au Eleven Madison Park à New York, triple étoilé Michelin et nommé 4e meilleur restaurant au monde. C'est dire à quel point Stéphane émule les grands.
À table, les dix services se succèdent en une ligne du temps des moments forts du restaurant, de sa création à aujourd'hui. Le chef, Christian Lemelin, a mis au menu des plats devenus emblématiques du Toast, d'autres qui ont marqué les clients fidèles, d'autres encore qui montrent son évolution en tant que chef. Chaque fois, l'accord mets-vin est impeccable. Je salive à l'idée de replonger une fourchette dans le duo ris de veau et foie gras poêlé, l'idée du siècle pour carnivores.
Et maintenant, j'ai une petite pensée pour le serveur qui a dû se transformer en présentateur et mannequin d'assiette, façon Beauté du Banquier. Vous vous en doutez bien, pas un service ne passe sans que le plat ne soit immortalisé sur tous les réseaux sociaux. Il s'en est instagrammé, des verres de vin pis des soufflés.
Finalement, autre petit privilège de blogueur (qu'il faut demander, par contre): la visite des cuisines. Une fois le soufflé dessoufflé et toute la glace au cèdre avalée, j'ai poliment demandé à Stéphane si je pouvais aller en cuisine. J'en fais rarement le souhait, car je sais pertinemment que la dernière chose dont un chef et sa brigade ont besoin, c'est d'une blogueuse bouffe sur un high de sucre qui vient admirer leur travail et leur poser plein de questions. Surtout que la cuisine du Toast est plus petite que mon walk-in (sauf qu'y'a pas de foie gras dans mon walk-in). J'aime voir les cuisiniers à l'oeuvre, observer le ballet qui fait naître les assiettes et constater la camaraderie qui règne au sein de la brigade, loin des hurlements disgracieux de Gordon Ramsay.
Envie de fêter?
17, rue Sault-au-Matelot
Un merci tout spécial à Sylvie de Tac Tic Marketing et à toute l'équipe du Toast, en particulier à Christian et Stéphane. Des années comme ça, je vous en souhaite encore 10 de plus.
Pour en savoir plus sur cet anniversaire, lisez l'excellente entrevue de Stéphanie Bois-Houde du Soleil.
