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Événement SAQ : le mouton de la déception

10/6/2012

2 Commentaires

 

La trépignation

Nous avions économisé pendant des semaines, pas au point de boire du Ménage à Trois, tout de même, mais juste assez pour y penser à deux fois avant de faire les fous à une bonne table de Québec. On se payait le rêve de Bordeauxphiles : un souper dégustation à thématique Baron Philippe de Rothschild, au spa L'Estérel (je parle d'hôtel, là, on nous servait pas les verres en maillot de bain dans un hot tub), quelques jours à peine après notre 12e anniversaire de couple (merci pour les applaudissements).
Mouton Rothschild 1998
Le Mouton, le mythique Mouton, serait à nous l'espace d'un verre, après pas moins de quatre heures de route sur la 40 (faut vraiment vouloir). Nous en avions déjà ouvert une demi-bouteille au Bistro Apollo et savions quelle expérience quasi-mystique cela pouvait être. La SAQ, organisatrice de l'événement, promettait une soirée gastronomique (y'avait même un p'tit logo de toque dans le calendrier, c'est dire!) avec tout le tralala : rencontre du maître de chai (on s'en reparle*), accords mets-vins succulents (voir parenthèse précédente), une «expérience unique pour vos papilles» (et je cite).

Mais avant d'arriver au cinquième service de vin, à la bouteille de légende et à la rédemption d'un souper pour le moins inégal, il nous a fallu subir toute une dégringolade, à nos papilles défendantes.

L'interrogation

Nos assiettes avaient pourtant beaucoup de potentiel. Après les succulentes bouchées servies à l'apéro au sous-sol, avec le Réserve (woup-woup-woup) Mouton Cadet, graves, 2010 (somme toute assez générique comme blanc), nous sommes montés à la salle de bal et on déposa devant nous un tronçon de turbot à l'écume de champagne. Cuisson correcte, saveurs bien balancées, mais pour les risques d'étouffement, on repassera. Mon homme a eu droit à la moitié de la colonne vertébrale et on a joué au jeu très populaire dans les soirées mondaines «c'est à qui qui se fouillera le plus dans la bouche pour sortir les arêtes». La classe, quoi.

La désolation

Et c'est à partir de... maintenant que ça se gâche. Le deuxième plat, un mi-chaud mi-froid du Périgord (on s'attend alors à du foie gras, au moins, nous ne serons pas déçus là-dessus), est plutôt mi-réussi mi-raté. L'accord avec le chaud et le Baron Carl 2008, un saint-émilion, est pas mal, mais la préparation froide fait ressortir toute l'âpreté du vin (tsé le genre d'affaire que ça te tente pas que ça ressorte dans ta bouche).

Sur papier, le service suivant était une bonne idée. J'aurais peut-être juste dû licher le menu. «Déroulé de wapiti en croûte de pistaches moutardée», que ça disait. Moi, j'ai eu droit à un recroquevillé de viande trop cuite en croûte de saveur anisée. Et ni le Clerc Milon ni le d'Armailhac 2005 (des jeunots qui auraient mérité un bon coup de carafe en arrière du collet) n'étaient un match même tolérable. J'ai fait ce qu'on ne devrait jamais faire dans ce genre de soirée: j'ai mangé mes légumes, ignoré le roadkill et bu mes deux verres après. C'est triste.

À ce moment de la soirée, j'étais bien décidée à ignorer le contenu de mon assiette pour me consacrer uniquement à celui de mon verre. Était venu le grand moment, celui où nous pourrions plonger nos pifs bien avant dans le verre pour humer cette bonne vieille odeur de fromage (et oui, c'est bon).

Bien entendu, un carambolage gastronomique n'arrive jamais seul. Étant la dernière servie à ma table, alors que les sept autres convives profitaient déjà d'une généreuse portion de Mouton, moi, j'eus droit à un fond de bouteille, deux misérables onces composées de dépôt et de lie. Il a fallu l'intervention de mon chevalier servant, outré au possible, pour qu'on me verse un vrai verre. J'en ai profité pour subtiliser la bouteille vide, qui irait rejoindre sa petite soeur sur notre tablette de «grands vins dégustés qui ramassent maintenant les poils de chat».
La snob le nez dans le Mouton
Je vous épargne la photo de la «tourte au Maître Jules et parfum truffier», vous la retrouverez aisément dans Google Images en recherchant «pâte filo au fromage fondu».

Pour terminer en beauté cet incompréhensible menu, on nous présenta la Baronne Pauline, un sauternes, en format «grand buveur» (juste assez pour un mal de coeur, quoi), accompagnée d'un dessert (oh la bonne idée... not) à l'ananas rôti au girofle et flaque fondue (pardon, parfait) à la cardamome. Nous n'avons pas fini ni l'un ni l'autre. Déçus, nous sommes retournés à nos chambres. Pour topper le tout, il était trop tard pour finir ça pompette dans le spa.

*Pas de maître de chai. Celui-ci, probablement trop occupé à se frotter les mains en rêvant à de riches investisseurs chinois, a été remplacé par deux attachés commerciaux, au demeurant très sympathiques, mais qui sont passés de table en table pour faire un coucou. That's it. (D'ailleurs, je change mon projet de vie «être une princesse» pour «être un riche investisseur chinois».)

N. B. – Si, d'aventure, vous tentiez l'expérience d'une soirée gastronomique avec la SAQ, allez-y en gang de chums. Ça vous évitera d'être assis à côté d'une trentenaire trop bronzée qui flashe des 20 piasses au serveur pour qu'il remplisse son verre et qui, chaudasse après trois services (conséquence du fait numéro 1), cale les fonds de lie de Mouton et s'envoie du sauternes comme du petit-lait.
2 Commentaires
Isabelle Charette link
10/6/2012 04:02:53 am

Mais tu as raté ta vocation première d'humoriste ma chère. Je me tordais littéralement de rire jusqu'à ce que pense au prix que vous avez sûrement payé pour ce repas. Ça m'a cloué le bec aussi sec.
N'empêche que le bout du ménage à trois et du lichage de menu me font encore pouffer...
:-)

Réponse
Mathieu Turbide link
11/6/2012 01:43:07 am

;) Très juste (et comique) compte-rendu de ces soirées beaucoup trop fréquentes dans le monde du vin... Ne vous y laissez plus prendre !

Réponse

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