Je suis snob, blogue bouffe de Québec
  • Accueil
  • Qui suis-je?
  • Services
  • Politique
  • Index des recettes

Quand Matthieu Dugal dit que t'écris bien

18/3/2014

9 Commentaires

 
Ça te fout un blocage pissechologique.
Photo
Zut. Pis fuck. Pis allô la conscience de soi, et pas au sens «chus donc ben zen, j'atteins la pleine conscience de moi en yoga sur fond de coucher de soleil pis de phrase inspirante su' Pinterest».

Chaque mot est désormais pesé, calculé, mâché, mesuré, réfléchi. Et si c'était pas le bon mot? Et si j'étais plate? Et si cette blague de dinosaure semblait forcée? Et si ma chute, au lieu de faire hurler de rire, faisait pleurer de ridicule?

Mettre ses tripes sur la table (au propre comme au figuré) n'est jamais facile, même quand on les arrose de crème.

Bloguer est d'abord et avant tout un travail de la langue, quoiqu'en disent les gourous de l'image, les pros du web et autres Pokémon du marketing (c'est japonais comme les ninjas, et pas mal plus puissant qu'un ninja, si tu veux mon avis; as-tu vu la dernière évolution de Pikachu? Ça torche en pas-pour-rire.) 

Quand la langue, c'est aussi ton outil de travail, ce qui te permet de payer le loyer, l'épicerie et toutes les petites robes à motifs de chats, ben tu deviens rapidement obsédée par les mots, par ceux que les autres t'adressent, par ceux que tu retiens aussi parfois.

Ces mots-là, les bons qu'on te sert, te font avec le temps l'inverse d'un compliment: au lieu de te rassurer, de te mettre de la chaleur dans l'coeur comme un four à 450°, de t'faire mouiller les coins des yeux de gratitude, ben ils te figent. Te coupent le sifflet, le souffle et l'air d'aller sur un moyen temps. Comme si à chaque phrase que tu tapais, t'avais un p'tit Matthieu Dugal (nom fictif), un p'tit admirateur connaisseur, un p'tit maudit intellectuel cultivé, juste un p'tit lecteur plein d'espoir qui lit par-dessus ton épaule pis qui t'dit «Isssh, vas-tu vraiment écrire ça? Sérieux, t'as pas moins cliché? Plus original? Plus drôle? Fille, tu m'déçois en bout d'viarge.» 

Tsé, dans l'fond, je l'sais ben que mon mini sosie mental de Matthieu Dugal, c'est une belle métaphore à lunettes pis toupet conçue par mon esprit pour symboliser ma crainte de l'échec, mon perfectionnisme, mon «je prends tout à coeur»-isme pis toutes ces autres bébelles de fille insécure qui écrit énormément pour les autres les deux doigts dans le nez, mais qui est incapable de sortir ces mêmes doigts de son cul pour se le botter histoire d'écrire pour elle.

À quoi ça mène, ton pleurnichage, fille, que tu m'demandes? (Et la réponse n'est pas: à un roman présenté comme la voix de notre génération perdue, thank God.) À ça: si ça te tente d'écrire pis d'bloguer, y'a une belle règle à suivre à mon avis, pis tu vas voir, c'est ben ben facile, autant que d'te faire une beurrée d'beurre:

N'attends pas qu'on te lise
pour te faire plaisir

N'attends pas que les compliments pleuvent pis que les fans Facebook te fassent des pouces d'in airs à qui mieux mieux pour te laisser aller. Brékignne niouzes: à moins que tu sois semi-chanteuse semi-fille heureuse avec un chum qui t'fait des vidéos pour ton lever matinal, tu péteras pas le 25 000 admirateurs sans avoir écrit une ligne. Écris donc d'abord pour toi, pour te faire rire (t'es ton meilleur public anyway), pour cracher c'que t'as en-dedans. Bizarrement, tu vas un jour pogner des lecteurs qui aiment ça à un moment donné. Laisse-toi aller, ferme les yeux et lance ça dans l'univers (en prenant soin de ne pas viser un trou noir, quand même).

J'ai menti. C'est pas si si facile que ça. Y'a une corollaire à c'te règle-là: aime les mots. Frenche-les à plein clavier, fais-les danser sur du gros beat dans WordPress, donne envie aux gens se s'pitcher dans leu' char pas chauffé à -40 pour faire une demi-heure de route juste pour un croissant que t'auras vanté. Même pas besoin de photos. Raconte-moi ce que tu aimes pis fais-moi tripper. Tu veux m'parler de jeux vidéo pis d'horticulture pis de hockey pis d'élections pis de tricot au crochet pis d'rivières en péril pis de smoothies au tofu soyeux? Vas-y. Ton blogue va ratisser large en ciboulot, mais c'pas grave. Si tu m'en parles avec toute ta passion, je vais me faire prendre au jeu moi aussi.

Raconte-moi des histoires. C'est tout ce que je veux lire. Moi, je vais aller tricoter les miennes, en essayant de laisser mon p'tit Dugal dans son coin. J'vais lui dire de se taire pis d'me laisser écrire comme ça m'tente. Ça s'peut que je sois plate comme Michel Butor, mais j'réussirai ben à un moment donné à te faire rire au moins une fois. Peut-être que lui aussi (Matthieu, là, pas Michel Butor, anyway y'é mort... oups, non, pas selon Wikipédia, fausse alerte) va rire une fois. Et s'il revient me dire qu'il me trouve pas pire, je vais juste dire merci, me fermer la trappe pis partir à 450° le four de mon coeur.
9 Commentaires
Patrick
18/3/2014 12:47:46 pm

Tu me donnes le goût d'écrire. Encore. Ça doit être bon signe :)

Réponse
Caroline la snob link
21/3/2014 10:16:53 pm

Tant mieux, Patrick :) Now, GO!

Réponse
Dominique link
22/3/2014 12:12:17 am

C'est un bon rappel sur les bonnes raisons d'aimer écrire publiquement sur un sujet : la passion de celui-ci et non le souci de son audience potentielle.

Réponse
Mel link
22/3/2014 04:06:52 am

C'est exactement ce que je me suis dis (juste pas dans les mêmes mots - les tiens sont vraiment l'fun à lire!) quand j'ai commencé à écrire... C'est d'abord et avant tout pour moi, et tant mieux si quelqu'un s'accroche les pieds au passage! :)

Réponse
Caroline la snob link
23/3/2014 09:08:28 am

@Dominique : tu as tout compris! On doit d'abord transmettre sa passion. Après, si ça clique, tant mieux, mais il ne faut ni se décourager, ni écrire pour les bonis et les cadeaux. Le coeur fait toujours mieux la job!

@Mel : Merci beaucoup! Et oui, il arrive que plusieurs «s'accrochent les pieds» dans nos mots (comme c'est joliment dit!) :)

Réponse
Sébastien link
26/3/2014 11:07:12 pm

En plein dans le mille !

J'ai démarré un blogue parce que je veux communiquer ma passion pour le monde culinaire. Je me suis dit, si j'atteints une personne, le travail est déjà fait. Certains me disent que je devrais faire plus de pub pour augmenter le nombre de « like ».
Je n'ai pas 100 « likes » et je m'en fous.
C'est d'abord pour moi une plateforme qui permet de rejoindre deux passion, la photo et la bouffe. Le reste, on s'amuse ! ;)

Réponse
Caroline la snob link
27/3/2014 12:06:36 am

@Sébastien

That's the spirit, comme on dit! :)

Pourrais-tu indiquer dans les commentaires le nom de ton blogue? Je veux te connaître, moi!

Réponse
Sébastien link
27/3/2014 12:23:19 am

Ah ! C'est gentil ! C'est le Web Goûteur.
(et écrire rapidement un commentaire me fait faire pleins de fautes. Arrrg)

Sébastien link
27/3/2014 12:31:27 am

Ah ! C'est gentil ! C'est le Web Goûteur. ;)
(et écrire rapidement un commentaire me fait faire pleins de fautes. Arrrg)


Votre commentaire sera affiché après son approbation.


Laisser une réponse.

    Notre magazine

    Badge Fou des foodies

    Notre blogue drôle

    Photo

    Pinne tes restes

    Archives

    Septembre 2016
    Juin 2015
    Avril 2015
    Octobre 2014
    Septembre 2014
    Juillet 2014
    Juin 2014
    Mai 2014
    Avril 2014
    Mars 2014
    Février 2014
    Janvier 2014
    Décembre 2013
    Novembre 2013
    Septembre 2013
    Août 2013
    Juillet 2013
    Juin 2013
    Mai 2013
    Avril 2013
    Mars 2013
    Février 2013
    Janvier 2013
    Décembre 2012
    Novembre 2012
    Octobre 2012
    Septembre 2012
    Août 2012
    Juillet 2012
    Juin 2012
    Mai 2012
    Avril 2012
    Mars 2012
    Février 2012
    Janvier 2012
    Décembre 2011
    Novembre 2011
    Octobre 2011
    Septembre 2011
    Août 2011
    Juillet 2011
    Juin 2011
    Mai 2011
    Avril 2011
    Mars 2011
    Février 2011
    Janvier 2011

    180 degrés
    Bouchées doubles
    Chez Julien
    Christelle is flabbergasting
    Dez Jeff
    Food nouveau
    Harnois à la carte
    Kler-Yann Bouteiller
    Le Breakfast blog
    Le sommelier fou
    Les recettes d'Émilie
    Meilleur avec du beurre
    Nomadesse
    Sophie Suraniti
    Sylvie Isabelle
    Tranche de pain
    Tellement swell
    Will travel for food

    Co-snobinards

    Picture
    Photo

    Flux RSS

Powered by Create your own unique website with customizable templates.