Je suis snob, blogue bouffe de Québec
  • Accueil
  • Qui suis-je?
  • Services
  • Politique
  • Index des recettes

Le Hobbit : on va juste être amis finalement

8/9/2013

0 Commentaires

 
Y'a au moins trois, quatre, mille films de Hugh Grant oubedon de la frisée-la-face-figée (aka Meg Ryan) qui commencent comme ça: la fille est célibataire, tristounette dans son loft new-yorkais (pour les besoins de la cause, disons un 5 et demi dans Saint-Jean-Baptiste), son amie-dodue-mais-sympathique insiste pour lui faire rencontrer un mec. Moue boudeuse de la frisée: «Oh, tsé, je sais pas trop...». Amie dodue persiste et organise une blind date. Situations cocasses, malentendus, pleurs sous la pluie et mariage heureux s'ensuivent.

Avec les restos, c'est la même chose. Parfois, on est single du bedon (ça fait longtemps que notre intestin n'a pas eu de rapport charnel avec un repas et un verre de vin, à l'exception d'une tite vite au Snack), et une amie (en l'occurrence Tonresto.ca, pas du tout dodue) te propose une blind date avec un resto de ton quartier.

Comme pour toutes les blind dates, t'es un peu hésitante. Mais on n'arrête pas de te dire que c'est un resto sympa, un bon Jack, pas l'amour de ta vie mais au moins une petite idylle pour le brunch ou le lunch. Tu acceptes, un peu curieuse. En plus, il habite dans ton quartier. Si la soirée vire awkward, tu pourras rentrer à pied.

Tu arrives pour rencontrer ton Hugh Grant. Pour l'occasion, appelons-le le Hobbit Bistro. Ça part bien: il ne cligne pas autant des yeux que Hugh. Tu examines le menu de la tête aux pieds, tu arrêtes ton choix sur un tataki de canard. Tu trouves ton resto un peu bavard: «tataki de canard en croûte de café et fenouil, gastrique à la rhubarbe, chutney de figues fraîches, oignons verts et crumble de bleu». Tu te dis que c'est ça, le resto moderne, avec des entrées très, très jasantes. Pour faire passer la nervosité, tu optes pour le vin au verre suggéré, un Puisseguin trop jeune.
Canard mi-cuit et crumble de bleu
Ta date commence drôlement: t'as l'impression que ton vis-à-vis (le canard) veut t'impressionner. Il beurre épais, il sort le grand jeu... mais ça ne lève pas (aucun sous-entendu sexuel ici, ok?). Tu laisses la chance au deuxième plat, en te disant qu'il est p'tête gêné, qu'il en rajoute pour cacher son stress de ne pas te plaire.

Ton cavalier (un pavé de doré pané au parmesan) se laisse désirer. Tu pognes le fixe... Tu te mets à penser à plein d'affaires en attendant: le sort de la banane Gros Michel (pratiquement décimée dans les années 50 en raison d'un champignon), si tu te lances dans des cours de japonais avec Rosetta Stone (c'tu un bon cours, ça?), pourquoi quelqu'un qui sait jouer du banjo aimerait faire un cover de Master of Puppets (tu pensais que les banjos venaient toujours par deux pour faire Duelling Banjos) pis, tant qu'à y être, pourquoi un resto en ferait sa trame sonore. Et si tu te lançais dans l'apprentissage du banjo (au lieu du japonais?). Bref, t'as l'impression que ta date est partie aux toilettes et qu'elle s'est sauvée (avec ton doré en croûte).
Ta date revient au bout d'un long moment. Mille excuses, que tu acceptes de bon coeur (car tu sais bien que ce n'est pas la faute de l'émissaire). Ton pavé est cute, on dirait qu'il était parti se faire une beauté dans sa croûte. La texture est agréable, la cuisson parfaite. La sauce est crémeuse. Tu te dis que ça serait très bien... s'il n'avait pas encore ce vilain défaut de toujours renchérir. Le céleri-rave est trop amer, le jus corsé trop acide, on dirait que les idées se bousculent dans l'assiette et dans ta bouche. Ta date parle trop, tout le temps. Ton doré serait plus séduisant s'il apprenait à s'éditer quand il cogite. Prendre toutes ses idées, les diviser de moitié, puis diviser encore avant d'ouvrir la bouche. Il y a du talent, mais le résultat te donne le tournis. Au moins, l'hyperactivité dans l'assiette est réchappée par un service impeccable.

Tu déclines poliment le dessert qu'il t'offre généreusement pour compenser sa longue mise en beauté. Tu sirotes ton café en te demandant comment tu raconteras tout ça à ton amie-qui-veut-te-caser. Est-ce un mauvais gars? Pas forcément. Est-ce ton genre? Pas pantoute. Es-tu déçue? Oui, un peu. Utiliseras-tu un procédé littéraire douteux et kitsch pour raconter ton histoire? Assurément.

Envie de dater?

Le Hobbit Bistro
700, rue Saint-Jean
Photo
Cet article est rendu possible grâce à la contribution de Tonresto.ca, le guide des restaurants à Québec.

0 Commentaires

Votre commentaire sera affiché après son approbation.


Laisser une réponse.

    Notre magazine

    Badge Fou des foodies

    Notre blogue drôle

    Photo

    Pinne tes restes

    Archives

    Septembre 2016
    Juin 2015
    Avril 2015
    Octobre 2014
    Septembre 2014
    Juillet 2014
    Juin 2014
    Mai 2014
    Avril 2014
    Mars 2014
    Février 2014
    Janvier 2014
    Décembre 2013
    Novembre 2013
    Septembre 2013
    Août 2013
    Juillet 2013
    Juin 2013
    Mai 2013
    Avril 2013
    Mars 2013
    Février 2013
    Janvier 2013
    Décembre 2012
    Novembre 2012
    Octobre 2012
    Septembre 2012
    Août 2012
    Juillet 2012
    Juin 2012
    Mai 2012
    Avril 2012
    Mars 2012
    Février 2012
    Janvier 2012
    Décembre 2011
    Novembre 2011
    Octobre 2011
    Septembre 2011
    Août 2011
    Juillet 2011
    Juin 2011
    Mai 2011
    Avril 2011
    Mars 2011
    Février 2011
    Janvier 2011

    180 degrés
    Bouchées doubles
    Chez Julien
    Christelle is flabbergasting
    Dez Jeff
    Food nouveau
    Harnois à la carte
    Kler-Yann Bouteiller
    Le Breakfast blog
    Le sommelier fou
    Les recettes d'Émilie
    Meilleur avec du beurre
    Nomadesse
    Sophie Suraniti
    Sylvie Isabelle
    Tranche de pain
    Tellement swell
    Will travel for food

    Co-snobinards

    Picture
    Photo

    Flux RSS

Powered by Create your own unique website with customizable templates.