Pourtant, j'en raffole. Pourquoi donc ces regards semi-dégoûtés, semi-étonnés et aux trois-quarts découragés quand j'en parle? Parce que ça fait partie des choses qu'on ne dit pas. Des aliments que l'on consomme en cachette, si possible dans la honte.
Puisque je n'ai pas peur de braver les tabous, voici une liste peut-être pas exhaustive de tout ce que je mange qui fait lever les sourcils à la vitesse grand V. «Quoi, tu manges ça, toi, miss Snob?» Oui. Même un verre de Crush aux fraises peut se boire le petit doigt en l'air.
- Catégorie «délicieux souvenir d'enfance» : les barres Caravan, l'Orangina, les petits cornets remplis de guimauve chimique pastel, le punch aux pêches Fruité, les gaufrettes à la fraise (extra styromousse), avec une mention spéciale «nostalgie» au Jutel à la pêche (fil conducteur : tout ce qui est rose ou à saveur de fausse pêche)
- Catégorie «je tiens ça de ma famille» : arroser ses crêpes de Quick liquide pour déjeuner, mettre de la moutarde dans son hot-chicken, déjeuner à l'oeuf brouillé accompagné de maïs en crème chaud (c'est le «chaud» qui fait le punch, vous ne trouvez pas?)
- Catégorie «je ne sais pas de qui je tiens ça, j'ai dû pogner ça quelque part, mais maintenant je dois vivre avec» : je bois un demi-litre de jus d'orange par jour, je peux souper au riz blanc arrosé de sauce à l'anguille, je coupe toujours mes sandwichs aux tomates en triangle, je mange un grilled-cheese par semaine, il m'arrive de déjeuner aux sushis s'il en reste de la veille, j'adore faire augmenter mon taux de sodium avec des Gattuso au poulet quand je n'ai pas le temps de sortir de mon cubicule
Pour finir, j'ai arrêté de manger du lait Eagle Brand à la cuillère... le jour où je me suis rendue compte qu'on pouvait en faire du dulce de leche.
Tout compte fait, je me trouve assez ordinaire dans ma consommation de trucs étranges ou honteux. Mon père met du ketchup sur ses toasts pour déjeuner, mon amie s'est déjà fait une tartine Cheez Whiz et Nutella, mon copain grignote des bâtons de cannelle... et vous?