On est lundi après-midi (souvenez-vous), et pourtant il y a presque foule. Deux anglophones, une famille de (chouettes) Parisiens... on a l'impression qu'ils ont abouti là par hasard, et pourtant, c'est presque impossible tellement la boutique est une destination et non une halte. Chez Tigidou, les hasards n'existent pas: ce sont des signes!
La copropriétaire, Catherine, nous relate toute l'aventure ponctuée de signes. D'abord, le départ de la Californie pour un retour aux racines. Vincent et elle sont natifs de l'île, des «sorciers» comme on les appelle (paraît-il... et il y a certainement un peu de magie dans leurs petits pots!). Et l'île fait toujours revenir ceux qui y sont nés. Ensuite, il y a l'idée de faire revivre les liqueurs de fruits artisanales du père de Vincent. Puis, les essais et erreurs, l'attente (c'est long à macérer, de la liqueur!), la déception... et l'illumination. Les confitures! Tout est déjà sur l'île: les fruits, les herbes, le miel. Mais il manquait la maison.

Ma mère et moi avons laissé à contrecoeur le dernier pot fraises-basilic à la famille parisienne. Bah, ça nous fera une excuse pour revenir... comme si on en avait besoin. Dans mon petit panier, j'ai mis mon coup de coeur, une association originale: bleuet sauvage et moka! Framboises d'été et thé du Labrador m'ont fait de l'oeil, je n'ai pas su résister. Accotée sur le comptoir, j'aurais pu passer l'après-midi là, dévorant la confiture glacée à même le pot. Il suffirait d'une boulangerie à la porte d'à côté, pis je déménagerais là. Genre, derrière le comptoir.
Ce qui est chouette avec la confiturerie, c'est que pour le prix d'un pot, vous avez une histoire. Et elle est aussi bonne que la confiture est savoureuse. Plutôt que de vous raconter tous les autres faux hasards de Catherine et Vincent, j'aimerais les laisser, eux, vous les raconter. Prenez la route de l'île, par une belle (ou même une moins belle) journée. Roulez presque jusqu'à la pointe. Poussez la porte de la confiturerie, et allez écouter l'histoire de la cuillère en or, du trèfle à quatre feuille, du 24 du mois. Le tout la bouche pleine, bien évidemment.